De l'autre côté du Lac...
En 1456, un vieil homme se promenait au bord du lac, comme il avait l'habitude de le faire.
Un matin, un peu après l'aube, il entend la voix d'une petite fille… Au fond du lac. Pris de panique, il se rend au village, afin de prévenir les brigades.
Mais aucune enfant n'avait disparu.
Plus les jours passent, plus la voix se fait présente. Jusqu'à pousser le vieil homme à plonger au fond du lac.
Son corps n'a jamais été retrouvé, mais une chose est sûre ; tous ceux qui se sont approchés entendent les échos d'une enfant…
Les plus valeureux — ou les plus inconscients — se baignent dans ce lac. Jusqu'à cette nuit fatidique en 1580. Une jeune femme ne refait pas surface, jamais.
Ses amis la cherchent, mais rien. Ils vont jusqu'au village de Courthézon pour en parler, mais personne ne les prend au sérieux. Pire même, on leur raconte cette vieille légende, celle du Lac Sans Fond. Le lac aspirerait les âmes les plus pures qui se baignent en son sein, afin de nourrir une créature qui gronde une nuit par an…
Mais on ne sait pas encore laquelle.
Depuis cette époque, le lac est resté intact. Pas une algue, pas une barque.
Les pêcheurs du coin refusent de s’en approcher, même en plein jour. Certains affirment que l’eau y est plus froide qu’ailleurs, comme si quelque chose en dessous aspirait la chaleur — et la lumière.
En 1792, un enfant de Courthézon aurait disparu à son tour.
On raconte qu’il jouait près de l’eau, lançant des cailloux. Le lendemain, on a retrouvé ses chaussures posées sur la berge, côte à côte.
Dans le sable, des traces de pas minuscules allaient jusqu’au lac… mais aucune n’en revenait.
Des années plus tard, un prêtre local aurait tenté de bénir le lieu. Il a lancé de l’eau bénite dans le lac — l’eau a noirci aussitôt. Il aurait quitté la messe sans un mot, et n’a plus jamais célébré après ça.
Depuis, plus personne n’a osé y réciter de prière.
Les anciens disent que le lac respire.
Certains soirs, on voit des ronds à la surface, comme si quelqu’un frappait doucement de l’intérieur. Et quand le vent se lève, on croit entendre un rire d’enfant, ou un murmure qui dit “reste un peu”.
Personne n’a jamais retrouvé le fond du lac, ni su combien de corps s’y trouvent.
Mais tous ceux qui ont plongé jurent avoir vu quelque chose bouger sous eux.
Pas une forme précise — juste une ombre, immense, qui semble attendre que quelqu’un d’autre ose descendre encore plus bas.
Et chaque année, à la même date, une fleur blanche pousse seule sur la rive.
Toujours à l’endroit exact où le vieil homme s’était arrêté, en 1456.
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