L'Hôtel aux deux reflets

Publié le 6 janvier 2025 à 15:27

L'autre monde.

Au cœur même de Mazan, un vieil hôtel à longtemps été un endroit chaleureux. 

Jusqu'à ce que sa propriétaire décède dans un cambriolage qui a mal tourné. Son mari, empli d'une tristesse sans nom, se pend dans la chambre 13. 

Des rumeurs se rependent, indiquant que quiconque ose y entrer subit la colère que le mari ressent. 

Mais pour certains, ils ne ressentent que tristesse, désespoir et mélancolie. 

Mais une chose ne change jamais... Si vous croisez votre reflet dans le miroir, vous ne pourrez plus quitter cet hôtel. 

Parce que ce n'est pas vous, que l'image reflète. 

Depuis, personne n’a jamais réussi à rouvrir l’hôtel.
Les clés auraient disparu avec le corps du mari, retrouvé pendu, les yeux tournés vers le miroir fissuré. Certains disent qu’il n’était pas seul cette nuit-là. Des voisins affirment avoir vu deux silhouettes derrière les rideaux, alors que le mari était déjà mort.

Quelques années plus tard, un promoteur aurait tenté de le racheter.
Il n’est resté que trois semaines. L’équipe d’ouvriers a abandonné le chantier du jour au lendemain.
Les témoins disent qu’ils parlaient de bruits dans les couloirs, de pas, de murmures étouffés, et d’un miroir qu’ils retrouvaient chaque matin déplacé, malgré les planches clouées par-dessus.
Le propriétaire aurait fini par brûler ses papiers d’achat et quitté la ville, jurant de ne “plus jamais croiser son reflet”.

Depuis, l’hôtel reste figé, comme suspendu entre deux mondes. Les rideaux n’ont pas bougé depuis des décennies, mais à la tombée de la nuit, il paraît qu’ils ondulent tout seuls.
La façade s’effrite, mais les vitres, elles, n’ont jamais éclaté.
Elles reflètent encore, parfaitement. Trop parfaitement.

Certains disent que si on s’approche assez près, on ne voit plus Mazan derrière soi, mais une autre version du village — plus sombre, sans bruit, sans lumière.
Et au centre de ce reflet, dans la fenêtre de la chambre 13, une ombre semble toujours attendre qu’on la regarde.

Ceux qui l’ont fait disent qu’ils ont vu quelqu’un lever la main pour les saluer.
Et qu’à cet instant précis, leur propre reflet a cessé de bouger.